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Les addictions, un domaine de recherche à renforcer

Les addictions, un domaine de recherche à renforcer

Publié le 01/04/2022 Temps de lecture : 5 min

A l’occasion du renouvellement du partenariat entre la Fondation de l’Avenir et le Fonds Addict’AIDE (ex-Fonds Actions Addictions), Marion LELOUVIER et le professeur Amine BENYAMINA répondent aux questions sur leur projet commun de promotion de la recherche dans le domaine des addictions

Professeur Amine BENYAMINA, président du Fonds Addict’AIDE, et Marion LELOUVIER, présidente du directoire de la Fondation de l’Avenir

1)  En 2019, le Fonds Addict’AIDE dans sa volonté d’initier et de soutenir des projets innovants dans le domaine des addictions, devient mécène et soutient un projet de l’appel à projets annuel de la Fondation de l’Avenir. Comment cette collaboration est-elle née et qu’a-t-elle apporté ?

Professeur Amine BENYAMINA (AB) : Cette collaboration est née de la rencontre entre deux personnes, le regretté Professeur Michel REYNAUD, psychiatre addictologue et fondateur du Fonds Actions Addictions devenu Addict’AIDE, et Monsieur Stéphane JUNIQUE, président d’Harmonie Mutuelle puis du groupe VYV. Cette synergie entre ces deux personnalités a créé  le souhait d’une collaboration entre les deux structures. Autour de l’idée que l’addiction est un déterminant de santé et une maladie qui coute cher, avec 75 000 morts évitables liées au tabac chaque année et 42 000 morts évitables liées à l’alcool. Un préjudice pour la personne mais également pour ses proches et la société, avec des ruptures familiales et des pertes d’emploi. De cette collaboration est née la création d’une ligne dédiée aux addictions dans l’appel à projets de la Fondation de l’Avenir. C’est un secteur de la recherche qui est peu soutenu et c’est une chance de pouvoir travailler à être des passeurs entre les chercheurs et la Fondation.

Marion LELOUVIER (ML) : Le domaine des addictions est une question à laquelle mon prédécesseur à la présidence du directoire, Monsieur Dominique LETOURNEAU, en tant qu’ancien infirmier en psychiatrie, était particulièrement sensible. La santé mentale constitue ainsi une ligne de l’appel à projets de la Fondation de l’Avenir en progression régulière depuis 2014. La collaboration avec le Fonds Addict’AIDE s’est matérialisée en 2018 lors de la remise conjointe du prix de la santé numérique par Harmonie mutuelle dans le cadre des Trophées de la Fondation de l’Avenir. A partir de cette rencontre, est née la convention triennale de soutien aux missions sociales du Fonds. C’est une collaboration dont nous sommes très convaincus, compte tenu des besoins sur la santé mentale et plus particulièrement des addictions multiples qui traversent nos sociétés.

2) En 2022, ce partenariat est reconduit pour la troisième année, pourquoi un partenariat durable entre ces deux entités ? 

AB : C’est d’abord une excellente nouvelle pour nous, lié au sérieux et à l’aspect innovant des projets reçus et soutenus par la Fondation de l’Avenir. Les projets portés ont des résultats concrets à court et moyen termes pour les patients. Le rendu de cette recherche clinique est rapide et palpable, bien davantage que la recherche fondamentale. C’est important pour nous et c’est ce qui fait que l’on repart sur 2022 avec le sourire de l’engagement.

ML : Je rejoins tout à fait le président du Fonds Addict’AIDE, nous voyons dans nos projets un besoin énorme de financement et de soutien de la part des soignants, qui reflètent le besoin énorme d’accompagnement et de recherche de la part des patients dans la prise en compte des addictions. La recherche est à la fois une matière qui peut rapidement donner des résultats, nécessiter une prise de risque dans les nouvelles thérapeutiques et les nouvelles approches et un investissement sur le temps long, d’expérimentation, de vérification des hypothèses. C’est donc logique pour nous d’entretenir une collaboration qui ne soit pas ponctuelle mais pluriannuelle, afin d’accompagner les chercheurs tout au long de leurs parcours de recherche. Malgré quelques avancées en termes de réglementation de la publicité et du marketing, les addictions ont des effets très néfastes, à prendre en charge aujourd’hui, et à prévenir sur les addictions qui émergent, notamment chez les adolescents et jeunes adultes.

3) En 2021, le Fonds Actions Addictions s’est transformé en rassemblant sous un même nom, le portail en ligne et le Fonds sous le nom Addict’AIDE. Dans Addict’AIDE Le Mag, vous publiez presque quotidiennement sur les différentes formes d’addictions et leurs conséquences. Quel est le paysage des addictions en France et quels sont vos moyens et actions de prévention ?

AB : Le paysage des addictions en France est très riche et diversifié. Il présente toutes les addictions, certaines mieux placées que d’autres, comme la consommation du cannabis chez les adolescents ou l’alcool, où nous sommes presque champion toute catégorie. Également, nous faisons face à des addictions émergentes notamment au protoxyde d’azote, aux psychostimulants et aux drogues récréatives (club drugs). On doit ainsi s’adapter en matière de soins, de communication et de prévention. Le portail Addict’Aide est construit pour tout le monde, avec des informations validées scientifiquement et de qualité. Il y a un travail de vulgarisation sérieux qui se met en place avec le conseil scientifique du fonds. Nous produisons également des plaidoyers sur le changement de la législation ou les pratiques émergentes. Tout cela constitue le contenu, l’animation et la dynamique d’Addict’AIDE. Cependant, les moyens sont très limités, du niveau d’un fonds. Les collaborations et les partenariats que l’on établit avec des plus grandes structures comme la Fondation de l’Avenir sont un élément de visibilité et de promotion fantastique pour nous et la recherche dans ce domaine.

ML : Souhaitons-nous une bonne continuation dans ce partenariat qui mérite tout notre engagement et toute notre attention !