Selon l’Institut du Cerveau, près de 140 000 accidents vasculaires cérébraux surviennent chaque année en France, soit un toutes les quatre minutes. Leur gravité peut varier, mais leurs conséquences restent majeures : ils représentent la première cause de handicap moteur acquis chez l’adulte, la deuxième cause de démence et la troisième cause de mortalité.
Un accident vasculaire cérébral (AVC) correspond à l’arrêt soudain de la circulation sanguine dans une zone du cerveau, privant les cellules cérébrales d’oxygène et de nutriments indispensables à leur fonctionnement. Cette interruption du flux sanguin les endommage très rapidement et entraîne l’apparition brutale de symptômes neurologiques, nécessitant une prise en charge urgente pour limiter les séquelles.
Deux mécanismes provoquent l’accident vasculaire cérébral :
Certaines hémorragies peuvent être caractérisées de « superficielles » lorsqu’elles se passent au niveau des lobes, d’autres, sont dites « profondes ».
Il existe d’autres formes d’AVC.
L’accident ischémique transitoire (AIT), par exemple, correspond à une obstruction très brève d’une artère cérébrale, suffisamment courte pour ne pas provoquer de lésion du cerveau. Ses symptômes sont identiques à ceux d’un AVC, mais disparaissent spontanément en quelques minutes (toujours en moins d’une heure) ce qui peut faire croire à un simple malaise.
Même s’il régresse totalement, l’AIT annonce un risque élevé d’AVC dans les jours qui suivent. Il doit donc être considéré comme une urgence nécessitant un bilan immédiat.
Il arrive aussi parfois qu’un AVC passe complètement inaperçu : on parle alors d’AVC silencieux. Même sans symptômes évidents, certains signes brefs et soudains doivent alerter, car ils peuvent correspondre à un épisode discret, mais potentiellement grave :
Face à ces symptômes, même s’ils disparaissent rapidement, il est crucial d’appeler le 15 ou le 112. Un AVC silencieux peut laisser des lésions cérébrales et augmente fortement le risque de survenue d’un AVC plus sévère dans les jours suivants.
La forme d’AVC la plus grave est l’AVC massif. C’est un accident vasculaire cérébral particulièrement étendu, qui touche une zone plus étendue du cerveau. En raison de l’importance des lésions, il peut entraîner de très lourdes séquelles, comme un coma, une paralysie sévère ou le décès du patient.
Bien que l’accident vasculaire cérébral puisse survenir spontanément, ses symptômes peuvent se manifester jusqu’à 1 mois avant son apparition.
Les manifestations neurologiques s’accentuent à mesure que la zone touchée s’étend et que les cellules nerveuses sont détruites. Les symptômes dépendent de la localisation de la lésion.
Les signes les plus fréquents de l’AVC sont :
Même si les signes disparaissent, il faut appeler le 15 pour être rapidement pris en charge et limiter les séquelles.
Des signaux atypiques de l’AVC peuvent se manifester. Le patient peut par exemple ressentir une confusion passagère, un vertige isolé, une fatigue brutale, un trouble visuel transitoire ou une simple maladresse d’un membre.
Parce qu’ils sont peu spécifiques, ces signes faibles sont souvent sous-estimés, ce qui retarde la prise en charge. Les travaux de recherche actuels s’attachent à mieux comprendre ces symptômes discrets, à affiner les outils de détection précoce et à identifier des biomarqueurs permettant de repérer plus rapidement ces AVC à présentation atypique.
L’athérosclérose, c’est-à-dire l’accumulation de dépôts de cholestérol dans les artères, constitue la cause la plus fréquente d’AVC ischémique. Ces dépôts forment des plaques qui rétrécissent les vaisseaux ou libèrent des fragments pouvant migrer jusqu’au cerveau (c’est ce qu’on appelle une embolie).
D’autres AVC ischémiques sont provoqués par des caillots formés dans le cœur, notamment en cas de fibrillation auriculaire.
À l’inverse, l’AVC hémorragique résulte d’une rupture de vaisseau fragilisé, le plus souvent par une hypertension ou une maladie des petites artères cérébrales (microangiopathie). Dans les deux cas, la conséquence est la même : une partie du cerveau manque brutalement d’oxygène et les cellules commencent à mourir en quelques minutes.
Le risque d’AVC ne dépend pas uniquement du mode de vie : certains profils biologiques rendent aussi les artères plus vulnérables.
De nombreuses recherches étudient les déterminants génétiques des anévrismes pour mieux comprendre les différentes formes de la maladie et évaluer le risque individuel. En effet, des variations génétiques peuvent influencer la coagulation, la structure des vaisseaux ou la pression artérielle, et ainsi expliquer pourquoi certains patients développent un AVC à un âge jeune ou sans facteur de risque classique.
Aussi, l’inflammation, mesurée par des biomarqueurs comme la CRP ultrasensible, joue également un rôle non négligeable.
Le projet ICARE soutenu par la Fondation de l’Avenir vise à étudier la relation entre inflammation et microangiopathie dans l’AVC traité par thrombectomie (suppression du caillot), pour espérer développer à terme des thérapies ciblées neuro-protectrices.
Le fait de pouvoir prédire la survenue d’un AVC permettrait de sauver de nombreuses vies et de faciliter une prise en charge rapide. De nombreux projets de recherche espèrent utiliser l’IA pour repérer les facteurs de risque d’AVC chez les personnes et ainsi assurer une meilleure prévention.
Les « jumeaux numériques » (des modèles informatiques personnalisés qui reproduisent le fonctionnement du système cardiovasculaire d’un individu) sont en plein développement dans plusieurs centres hospitaliers et projets de recherche. Ils pourraient, à terme, simuler l’évolution d’une maladie artérielle ou l’efficacité d’un traitement afin d’adapter la prise en charge avant même qu’un accident ne se produise. Cette approche est encore récente, mais prometteuse.
Le diagnostic de l’AVC repose principalement sur les symptômes du patient, sur les données de l’examen clinique, sur les examens d’imagerie médicale et des analyses de sang, réalisés pour identifier la cause de l’AVC.
L’imagerie en urgence se déroule en premier lieu avec un scanner cérébral (tomodensitométrie) : il permet de distinguer un AVC ischémique d’un AVC hémorragique ou d’autres anomalies du cerveau.
Si possible, une IRM en diffusion est aussi effectuée, car elle détecte les AVC ischémiques très précocement, parfois dès les premières minutes.
Des examens complémentaires d’imagerie, comme une angiographie scanner ou IRM, peuvent être réalisés pour repérer une obstruction d’une grosse artère, ce qui peut orienter vers une thrombectomie en urgence.
Enfin, de nouvelles technologies d’intelligence artificielle, déjà utilisées dans plusieurs services d’urgences en France, analysent automatiquement les images pour repérer un caillot, estimer la zone cérébrale menacée ou proposer un score de gravité. Cela accélère la décision thérapeutique et harmonise la prise en charge dans tout le territoire.
Dès l’arrivée du patient, le médecin commence par un examen clinique rapide, qui permet souvent d’orienter le diagnostic et de localiser l’artère cérébrale probablement touchée grâce aux symptômes observés (faiblesse d’un membre, troubles du langage, perte de vision…). En parallèle de cet examen et des examens d’imagerie, une mesure immédiate de la glycémie est réalisée, car une hypoglycémie (baisse importante du sucre dans le sang) peut imiter les symptômes d’un AVC.
Enfin, des analyses sanguines complètent le bilan : elles recherchent des troubles de la coagulation, une infection, une anémie, un diabète ou un excès de cholestérol, ainsi qu’un dépistage urinaire de substances comme la cocaïne, susceptibles de provoquer un AVC.
La Fondation de l’Avenir soutient actuellement un projet qui étudie le rôle d’une protéine sanguine anticoagulante dans l’AVC, dans le but de travailler sur un nouveau traitement qui pourrait bloquer cette protéine.
Pour les hôpitaux éloignés d’un centre spécialisé, la télé-AVC (télé-expertise neurologique d’urgence) constitue un progrès d’envergure. Grâce à une connexion sécurisée, un neurologue vasculaire peut analyser à distance le scanner du patient, guider l’examen clinique et valider en temps réel l’indication d’un traitement urgent comme la thrombolyse (injection d’un médicament pour dissoudre un caillot sanguin et rétablir rapidement la circulation dans l’artère obstruée).
Ce dispositif, largement déployé en France, permet à des milliers de patients vivant en zones rurales ou sous-dotées d’accéder à une prise en charge de qualité. Cette organisation réduit fortement les inégalités territoriales et sauve chaque année de nombreuses vies.
En faisant un don à la Fondation de l’Avenir, vous contribuez directement au développement d’innovations capables de mieux prévenir, diagnostiquer et traiter l’AVC, aujourd’hui et pour les générations futures.