Infarctus : comprendre, reconnaître et diagnostiquer à temps
Les maladies cardiovasculaires demeurent aujourd’hui la première cause de mortalité dans les pays industrialisés. En France, la Haute Autorité de Santé estime qu’environ 120 000 personnes sont touchées chaque année par un infarctus du myocarde. La Fondation de l’Avenir finance de nombreux projets pour améliorer le dépistage précoce de cette pathologie cardiaque et mieux comprendre ses mécanismes.
L’infarctus du myocarde, souvent appelé « crise cardiaque », correspond à la mort d’une partie du muscle cardiaque (le myocarde). Elle est provoquée par l’obstruction brutale d’une des artères coronaires, artères qui apportent l’oxygène nécessaire au cœur. Leur blocage entraîne alors un manque d’oxygénation, endommageant rapidement le muscle et pouvant conduire à une insuffisance cardiaque, puis à un arrêt cardiaque si la prise en charge n’est pas immédiate.
L’infarctus du myocarde est la première cause d’arrêt cardiaque.
Il existe d’autres formes d’infarctus.
L’infarctus pulmonaire, par exemple, correspond à la mort d’une zone du tissu pulmonaire. C’est une complication grave d’une embolie pulmonaire, à savoir une obstruction d’une
artère pulmonaire par un embole (corps étranger, caillot). Faute de recevoir suffisamment de sang et d’oxygène, la partie atteinte du poumon se nécrose.
Il y a également l’infarctus intestinal (ou ischémie mésentérique aiguë), qui survient lorsqu’un caillot bloque totalement ou partiellement les vaisseaux chargés d’apporter le sang à l’intestin. Cet événement entraîne une souffrance, puis la mort du tissu intestinal par manque d’oxygène.
Enfin, il y a l’infarctus cérébral (ou accident vasculaire cérébral ischémique), qui correspond à l’obstruction d’une artère. Ce blocage prive une zone du cerveau de son apport en sang et en oxygène, ce qui entraîne un dysfonctionnement cérébral soudain.
Lors d’un infarctus du myocarde, les symptômes apparaissent souvent de façon brutale. La plupart du temps, une douleur thoracique intense survient, au repos ou à l’effort, derrière le sternum, avec une sensation de compression très forte, comme un étau qui serre la poitrine. Cette douleur peut irradier vers la mâchoire, le bras gauche (ou les deux bras) ou encore le dos. Elle persiste dans le temps et ne disparaît pas de manière spontanée (plus de 20 minutes).
Cette douleur peut être accompagnée de signes associés tels qu’une pâleur importante, des sueurs ou un malaise.
Chez les femmes, les jeunes et les personnes diabétiques, l’infarctus du myocarde peut se manifester de manières différentes.
Les femmes ont majoritairement les mêmes symptômes que les hommes : douleurs thoraciques, qui peuvent irradier dans le bras, le dos et la mâchoire.
Cependant, ils peuvent s’accompagner d’autres signes qu’il est important de connaître pour une prise en charge rapide. Peuvent se manifester :
Chez les jeunes, les symptômes sont les mêmes que chez les personnes dont l’âge prédispose à la survenue d’un infarctus du myocarde (plus de 55 ans pour les hommes et plus de 65 ans pour les femmes). Seulement, ces signes sont souvent sous-estimés ou attribués à d’autres causes, ce qui retarde le diagnostic et la prise en charge.
Enfin, chez les personnes diabétiques, l’excès durable de sucre fragilise progressivement les artères et augmente nettement le risque d’infarctus du myocarde, l’une des principales causes de décès chez ces patients.
Le diabète réduisant leur sensibilité à la douleur, les symptômes passent fréquemment inaperçus.
Le mini-infarctus, ou l’infarctus silencieux, correspond à une crise cardiaque qui se manifeste par des signes très discrets, voire par aucun symptôme. Selon l’INSERM, près d’un quart des infarctus du myocarde ne s’accompagne pas des symptômes habituels. Il est donc généralement découvert tardivement, plusieurs jours, mois ou même années après sa survenue.
Le muscle du cœur a besoin d’un apport constant en oxygène, fourni par les artères coronaires. Avec le temps, ces artères peuvent se rétrécir lorsque des dépôts de cholestérol forment des plaques d’athérome (accumulations de graisses sur la paroi des artères). Ce phénomène entraîne leur durcissement : c’est ce qu’on appelle l’athérosclérose. L’infarctus du myocarde survient lorsqu’une de ces plaques se fissure ou se détache : un caillot sanguin se forme alors autour d’elle et bloque brutalement l’artère coronaire. L’hypoxie (le manque d’oxygène) abîme le muscle cardiaque et altère son fonctionnement.
Plusieurs facteurs de risque peuvent entraîner la survenue d’un infarctus du myocarde en contribuant à la formation de plaques d’athérome dans les artères, mais aussi à l’altération progressive de ces dernières. Parmi eux, certains peuvent être modifiés, tels que :
Chez les femmes, l’utilisation de certains traitements hormonaux comme la contraception oestroprogestative fait partie des facteurs aggravants.
L’infarctus précoce, qui survient avant 50 ans, résulte souvent d’une combinaison entre facteurs génétiques et exposome, c’est-à-dire l’ensemble des données de l’environnement d’une personne tout au long de la vie. Certaines mutations héréditaires favorisent une hypercholestérolémie sévère ou des troubles de la coagulation, augmentant le risque de formation de caillots. À ces prédispositions s’ajoutent les effets cumulés du tabac, de la pollution, de l’alimentation ultra-transformée ou du stress chronique, qui accélèrent le vieillissement vasculaire. Lorsque ces deux dimensions se superposent, les artères coronaires peuvent s’abîmer plus tôt, rendant possible un infarctus chez des personnes jeunes, parfois sans symptômes préalables.
La détection précoce d’un infarctus du myocarde est cruciale pour limiter les dommages cardiaques et améliorer les chances de récupération.
Dès qu’un infarctus est suspecté, un électrocardiogramme (ECG) est réalisé le plus rapidement possible : les anomalies observées pendant les symptômes permettent généralement de confirmer le diagnostic. Il mesure l’activité électrique du cœur et peut rapidement révéler si une partie du muscle cardiaque souffre d’un manque d’oxygène.
Si l’ECG apparaît normal, notamment lorsque la douleur a cessé, il sera répété dans les heures suivantes ou en cas de réapparition des signes.
Des prises de sang sont aussi réalisées : un dosage sanguin de troponine (protéine libérée par le muscle cardiaque en cas de lésion) est effectué en urgence : son taux s’élève lors d’un infarctus avant de redescendre progressivement. La créatine kinase (CK-MB) est aussi évaluée, une autre enzyme qui s’élève en cas d’infarctus.
D’autres examens peuvent être préconisés.
Le scanner cardiaque (ou coroscanner) vise à rechercher une obstruction partielle ou complète des artères coronaires.
On retrouve aussi l’IRM cardiaque, qui permet de repérer précocement les anomalies du cœur sans exposition aux rayonnements. Grâce à la résonance magnétique, elle offre des images dynamiques et très détaillées, qui permettent la caractérisation directe des lésions myocardiques.
L’échocardiographie peut également être utilisée pour observer le cœur en temps réel, grâce à des ultrasons. Elle sert à évaluer le fonctionnement global du muscle cardiaque, à mesurer l’étendue des lésions provoquées par l’infarctus et à détecter d’éventuelles complications, comme l’insuffisance cardiaque ou des atteintes des valves.
La Fondation de l’Avenir finance actuellement un projet dont l’objectif est d’identifier de nouveaux biomarqueurs inflammatoires traduisant l’étendue des lésions de l’infarctus et son impact sur la fonction contractile du cœur. Les chercheurs espèrent ainsi prédire plus finement le pronostic et orienter les patients vers une prise en charge plus personnalisée, afin de réduire le risque de séquelles.
La Fondation de l’Avenir investit chaque année dans de nombreux projets innovants, pour mieux dépister et traiter les maladies cardiovasculaires. Faites un don et contribuez à soutenir la recherche !