Hypertension artérielle

L’hypertension artérielle (HTA) correspond à une élévation persistante de la pression sanguine dans les artères. En pratique, on parle d’HTA lorsque la pression artérielle systolique (pression au moment de la contraction du cœur) est supérieure à 140 mmHg et/ou la pression artérielle diastolique (pression minimale au moment où le cœur se relâche) est supérieure à 90 mmHg, mesurée de façon répétée en consultation. Ces valeurs seuils sont utilisées pour dépister et traiter la maladie.

Qu’est-ce que l’hypertension ?

Vasodilatation et vasoconstriction

La pression artérielle dépend d’un équilibre permanent entre deux forces opposées : la vasodilatation, quand les artères se relâchent et s’élargissent, ce qui permet au sang de circuler plus facilement et fait baisser la tension, et la vasoconstriction, quand les artères se contractent et se resserrent, ce qui rend la circulation plus difficile et fait monter la tension.

Dans le corps, plusieurs substances jouent ce rôle de « chef d’orchestre » : certaines favorisent la dilatation des artères, comme l’oxyde nitrique (NO) ou la prostacycline, qui détendent les muscles de la paroi vasculaire (les muscles lisses vasculaires) ; d’autres provoquent leur contraction, comme l’angiotensine II, l’endothéline-1 ou l’activation du système nerveux sympathique (le système de défense du corps en cas de stress ou d’effort).

En situation normale, ces deux mécanismes s’équilibrent. Mais dans l’hypertension artérielle, la balance penche du côté de la constriction chronique des artères. De plus, la paroi interne des vaisseaux (l’endothélium), qui devrait jouer un rôle protecteur, fonctionne moins bien. Résultat : les artères restent trop serrées, et la tension artérielle s’élève de façon durable.

Conséquences d’une tension élevée

Une pression artérielle trop élevée exerce une contrainte mécanique sur la paroi des artères et fatigue le cœur. À long terme, elle favorise le remodelage vasculaire, la rigidité artérielle et augmente le risque d’accidents cardiovasculaires majeurs : infarctus, AVC, insuffisance rénale ou cardiaque.

Les chiffres clés de l’hypertension

Selon Santé publique France, environ 17 millions d’adultes français sont hypertendus, soit 1 adulte sur 3. Parmi eux, près de 6 millions ignorent leur état. Moins de la moitié des patients hypertendus ont une tension bien contrôlée, malgré les traitements disponibles.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que 1,28 milliard d’adultes de 30 à 79 ans sont hypertendus. Près de 46 % ne sont pas diagnostiqués et seulement 21 % des hypertendus ont une tension bien contrôlée.

La prévalence de l’hypertension est en forte hausse, portée par le vieillissement de la population, l’obésité, la sédentarité et une alimentation trop riche en sel. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, l’accès au dépistage et aux traitements reste limité, ce qui aggrave la charge mondiale de la maladie.

Détecter et vivre avec l’hypertension

Une maladie souvent silencieuse et sans symptômes

L’hypertension est qualifiée de “tueur silencieux” car elle évolue longtemps sans symptômes. Certaines personnes ressentent maux de tête, palpitations ou vertiges, mais dans la majorité des cas, la maladie est découverte lors d’une consultation de routine ou après une complication.

Mesures de la tension et diagnostic

Quand on lit une tension 120/80 mmHg, 120 est la pression systolique, 80 est la pression diastolique. Le diagnostic de l’hypertension artérielle ne se fait jamais sur une seule mesure isolée : il repose sur des contrôles répétés, afin d’avoir une vision fidèle de la tension au quotidien.

En consultation médicale, la tension est prise par le médecin ou l’infirmier, souvent à plusieurs reprises lors de visites différentes. À domicile, on recommande l’automesure tensionnelle avec un tensiomètre validé. La règle habituelle est de mesurer sa tension matin et soir pendant 3 jours (appelée règle des “3-3”). En ambulatoire, on utilise une MAPA (Mesure Ambulatoire de la Pression Artérielle), un petit appareil porté 24 heures qui enregistre automatiquement la tension, y compris la nuit.

Ces méthodes permettent de confirmer le diagnostic d’hypertension artérielle et surtout de distinguer une véritable hypertension d’un phénomène appelé « effet blouse blanche », où la tension monte uniquement à cause du stress d’être chez le médecin.

Traitements et hygiène de vie

La prise en charge associe généralement des mesures diététiques et d’hygiène de vie avec un traitement médicamenteux. Sont préconisés la réduction du sel (moins de 5g/jour), l’activité physique, la perte de poids, l’arrêt du tabac, la limitation de l’alcool et la gestion du stress. Ces mesures pour changer son mode de vie ne suffisent pas toujours et la tension peut être d’emblée trop élevée, dans ce cas, le médecin prescrit des médicaments.

Il en existe plusieurs familles, qui agissent différemment, mais toutes ont pour but de diminuer la pression dans les artères :

– Les diurétiques : ils favorisent l’élimination du sel et de l’eau par les reins, ce qui réduit le volume sanguin et la pression.

– Les inhibiteurs calciques : ils empêchent le calcium de pénétrer dans les cellules musculaires des artères, ce qui facilite leur relâchement et donc leur dilatation.

– Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) et les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II (ARA II) : ils bloquent l’action de l’angiotensine II, une molécule puissante qui resserre les vaisseaux sanguins et augmente la tension.

– Les bêtabloquants : ils réduisent l’effet de l’adrénaline sur le cœur et les vaisseaux, ce qui réduit la fréquence cardiaque et abaisse la pression.

Le choix du traitement dépend du profil du patient (âge, antécédents, autres maladies associées). Souvent, une association de plusieurs médicaments à faible dose est utilisée pour améliorer l’efficacité et réduire les effets secondaires.

Complications cardiovasculaires et rénales

Non traitée, l’hypertension artérielle est un facteur de risque majeur d’accident vasculaire cérébral (AVC), d’infarctus du myocarde, d’insuffisance cardiaque et d’insuffisance rénale chronique. Elle est responsable chaque année de plus de 10 millions de décès dans le monde.

Prévenir l’hypertension

Rôle de la prévention collective

Les campagnes de santé publique sont organisées autour de différents axes :  le dépistage précoce pour promouvoir une hygiène de vie saine dès le plus jeune âge ; la sensibilisation à la consommation de sel, la nécessité d’un suivi régulier ou la promotion de l’activité physique à tout âge.

Facteurs de risque autres que le mode de vie

Certains facteurs de risque de l’hypertension artérielle ne dépendent pas du mode de vie mais de caractéristiques personnelles. L’âge en est le premier : avec les années, les artères deviennent plus rigides et moins élastiques, ce qui génère une élévation progressive de la tension.

L’hypertension est donc beaucoup plus fréquente après 50 ans. L’hérédité joue également un rôle important : avoir un ou plusieurs parents hypertendus augmente nettement la probabilité de développer la maladie, car certains gènes influencent la régulation de la pression artérielle. Enfin, le sexe intervient aussi : les hommes sont plus souvent touchés avant 50 ans, tandis qu’après la ménopause, la fréquence de l’hypertension augmente chez les femmes, en partie en raison de la baisse de la protection hormonale des œstrogènes.

Où en est la recherche sur l’hypertension ?

Nouvelles pistes de recherche

Les chercheurs explorent les mécanismes physiopathologiques complexes de l’hypertension : rôle du microbiote intestinal, de l’inflammation chronique, du stress oxydatif et de la génétique. Des projets comme HT-ADVANCE (Inserm) visent à identifier des biomarqueurs pour mieux personnaliser les traitements.

Numérique et IA

La recherche innove avec le développement d’outils d’automesure connectée (par ex. Hy-Result, un projet soutenu par la Fondation de l’Avenir). L’intelligence artificielle permet d’améliorer le dépistage : par exemple, certains algorithmes intégrés aux montres connectées combinent fréquence cardiaque, variabilité cardiaque et signaux de pouls pour estimer la pression artérielle.

Dynamique de la recherche sur les biomarqueurs de l’hypertension

Les chercheurs explorent aujourd’hui plusieurs pistes pour identifier des biomarqueurs de l’hypertension. Certains biomarqueurs révèlent le stress oxydatif et l’inflammation, deux mécanismes qui entretiennent la hausse de la tension. D’autres concernent la fonction de l’endothélium, la fine couche qui tapisse les vaisseaux et régule leur capacité à se dilater grâce à l’oxyde nitrique. Le rôle du système rénine-angiotensine-aldostérone, qui contrôle le sel et l’eau dans l’organisme, est également étudié à travers des dosages hormonaux spécifiques.
Des approches plus récentes utilisent la métabolomique et la protéomique, capables d’analyser des milliers de molécules dans le sang ou l’urine pour établir des profils biologiques propres à chaque type d’hypertension.

Les microARN et certains gènes liés à la régulation de la pression artérielle représentent une autre piste prometteuse.
Enfin, des biomarqueurs permettent de détecter précocement l’atteinte des organes cibles, comme le cœur (NT-proBNP, troponines), le rein (albuminurie) ou le cerveau (neurofilaments).

La recherche de pointe sur la vasodilatation

La recherche de pointe sur la vasodilatation tend à comprendre comment les artères s’élargissent pour laisser passer le sang plus facilement. Les scientifiques ont découvert que, au-delà de l’oxyde nitrique bien connu, d’autres molécules comme l’hydrogène sulfuré ou certains lipides jouent aussi un rôle important. Ils s’intéressent aussi à des capteurs mécaniques dans les cellules (comme Piezo1) qui sentent la pression du flux sanguin et ajustent le calibre des vaisseaux. Enfin, de nouveaux médicaments sont testés, par exemple des stimulateurs de GMPc ou des donneurs de gaz protecteurs, afin de mieux traiter l’hypertension et prévenir les maladies du cœur et des artères.

Le patient acteur de sa santé

La recherche met également l’accent sur l’implication active du patient en sollicitant une participation aux essais cliniques ou en encourageant l’utilisation d’applications mobiles pour l’autosurveillance.
Cette approche où le patient devient partenaire de sa prise en charge est particulièrement préconisée dans le cas de l’hypertension et facilitée par les outils et protocoles d’automesure récemment mis en œuvre.