La dépression est une maladie mentale qui bouleverse le quotidien de 5,7 % d’adultes dans le monde, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Elle altère fortement la qualité de vie et peut mener à une grande souffrance psychique. Depuis plusieurs années, la Fondation de l’Avenir soutient la recherche sur les troubles dépressifs afin de mieux comprendre leurs mécanismes biologiques, d’améliorer leur dépistage et de proposer de nouveaux traitements.
La dépression est une maladie psychique qui s’installe dans la durée et qui perturbe profondément le fonctionnement émotionnel et mental. Elle se traduit principalement par une baisse marquée de l’humeur, une perte d’élan vital et de la capacité à éprouver du plaisir ou de l’intérêt.
Il ne s’agit pas d’un manque de volonté, ni d’un simple « coup de blues », mais d’un trouble de la santé mentale qui nécessite un accompagnement médical et psychothérapeutique adapté. Contrairement à la déprime passagère, qui correspond généralement à une réaction émotionnelle ponctuelle, souvent liée à un événement de vie identifiable, et qui se manifeste par une baisse de moral, de la fatigue ou une perte d’enthousiasme, la dépression dure plus de deux semaines et s’accompagne de symptômes psychiques.
Les principales formes de dépression sont :
Cependant ils persistent pendant au moins 2 ans, parfois même des dizaines d’années ;
La dépression est d’origine plurifactorielle.
Biologiquement, elle résulte d’anomalies de la production et de la régulation de trois neurotransmetteurs, à savoir la sérotonine (humeur, sommeil, appétit), la dopamine (motivation, plaisir) et la noradrénaline (attention, énergie).
On sait aujourd’hui que la dépression est aussi corrélée à un dérèglement de la balance entre glutamate (principal excitateur du système nerveux) et GABA (frein naturel à la surexcitation neuronale). Ce phénomène vient altérer la neuroplasticité du cerveau, autrement dit sa faculté à récupérer et à se restructurer.
Par ailleurs, des facteurs environnementaux comme une mauvaise hygiène de vie, une dépendance à l’alcool ou au tabac ou encore certains événements de la vie (un deuil, une séparation ou un traumatisme précoce) peuvent favoriser un trouble dépressif.
Cependant, toutes les personnes exposées à ces situations ne développent pas la maladie. Cette vulnérabilité individuelle peut être influencée par une prédisposition génétique. Selon l’Inserm, une personne dont un parent a souffert de dépression présente en effet deux à quatre fois plus de risque d’en développer à son tour. Les variations génétiques impliquées touchent en particulier le gène du transporteur de la sérotonine ainsi que celui du BDNF (Brain-Derived Neurotrophic Factor), une protéine indispensable à la croissance et à la survie des neurones.
Néanmoins, ce n’est pas tant la présence de ces variations génétiques qui suffit à expliquer la dépression, mais l’interaction des facteurs génétiques et environnementaux. Enfin, des dérèglements hormonaux tels qu’un haut niveau de cortisol (hormone du stress), des troubles thyroïdiens ou des traitements endocriniens, peuvent accroître le risque de développer un trouble dépressif. Pour les femmes, les périodes périnatales comme la grossesse et le post-partum, ainsi que la périménopause et la ménopause, sont aussi des facteurs de risque.
Les innovations en dépistage de la dépression reposent aujourd’hui sur une approche à la fois clinique, biologique et numérique. Les questionnaires d’auto-évaluation validés scientifiquement (comme le PHQ-9 ou le HADS) permettent par exemple aux patients de repérer des symptômes dépressifs et de faciliter le dialogue avec un professionnel de santé.
Parallèlement, la recherche explore l’intérêt de biomarqueurs biologiques, tels que les marqueurs inflammatoires, hormonaux (cortisol), ou encore les modifications de l’activité cérébrale observées par imagerie, pour mieux objectiver les troubles de l’humeur et prédire les réponses au traitement.
Enfin, les outils numériques, en combinant auto-suivi, données des objets connectés et algorithmes prédictifs détectant des ensembles de facteurs, rendent possible une vigilance continue et un repérage plus fin des premiers signes de dépression.
La dépression se manifeste avant tout par une humeur dépressive persistante et une perte d’intérêt ou de plaisir pour les activités du quotidien. Elle s’accompagne aussi souvent d’une fatigue intense, de troubles du sommeil et de l’appétit, d’un ralentissement psychomoteur et de difficultés de concentration.
Les personnes atteintes peuvent ressentir une culpabilité excessive, un pessimisme profond ou des idées suicidaires, traduisant une grande souffrance morale.
L’une des principales difficultés du diagnostic de la dépression réside dans la grande diversité de ses manifestations cliniques.
La Fondation de l’Avenir finance actuellement le programme SOSAD, qui vise à mieux caractériser les mécanismes des troubles dépressifs saisonniers, afin d’améliorer la prévention et le diagnostic de ce type de dépression.
Les signes d’alerte de la dépression incluent un changement d’attitude, une tristesse persistante, une irritabilité inhabituelle, une fatigue inexpliquée, des troubles du sommeil ou de l’appétit ainsi qu’un isolement social et une perte d’intérêt soudaine.
Ces symptômes doivent alerter lorsqu’ils durent plus de deux semaines. Plus la prise en charge est précoce, meilleures sont les chances de rémission complète.
Le diagnostic différentiel de la dépression permet d’adapter la prise en charge. Le burnout, qui résulte généralement d’un surmenage professionnel, se caractérise par un épuisement émotionnel et une perte de motivation.
Les troubles anxieux, eux, se traduisent surtout par une tension et une inquiétude constantes, tandis que dans la bipolarité, les épisodes dépressifs alternent avec des phases d’humeur exaltée ou d’hyperactivité. Une évaluation clinique précise, menée par un psychiatre, permet de distinguer ces troubles parfois entremêlés.
L’intelligence artificielle et les innovations technologiques apportent aujourd’hui un soutien précieux dans la prise en charge de la santé mentale. On retrouve en particulier :
Les antidépresseurs constituent le traitement médicamenteux de première intention pour les troubles dépressifs majeurs.
Ils agissent sur les neurotransmetteurs (sérotonine, noradrénaline, dopamine) pour rétablir l’équilibre cérébral.
De nouvelles molécules dites à action rapide, comme la kétamine en formulation encadrée, montrent depuis peu des résultats prometteurs pour les dépressions résistantes.
Il existe un grand arsenal de thérapies pour accompagner les patients dans la dépression, en particulier des formes de psychothérapie intégrative, qui combinent approches émotionnelles, comportementales et corporelles.
Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), par exemple, aident à identifier et à modifier les pensées négatives qui entretiennent l’état dépressif. Ces thérapies sont souvent associées à une psychothérapie interpersonnelle ou à une thérapie de pleine conscience (mindfulness) pour prévenir les rechutes.
L’électroconvulsivothérapie (ECT ou sismothérapie) est aussi très efficace. Elle consiste à faire passer un courant électrique via deux électrodes placées au niveau des tempes du patient, sous anesthésie générale. Malgré son image stigmatisée liée à des pratiques datant d’avant les années 70, L’ECT reste un traitement de référence pour des formes de dépression sévères.
La stimulation magnétique transcrânienn est une technique non invasive qui utilise des champs magnétiques pour stimuler certaines zones du cerveau. Elle favoriserait l’activation du cortex préfrontal, en stimulant la libération de dopamine et en modulant les zones cérébrales impliquées dans la régulation de l’humeur. Selon l’Inserm, son efficacité est cependant très variable.
L’utilisation de certains psychédéliques encadrés fait l’objet d’études prometteuses, comme la psilocybine administrée sous supervision médicale, qui a montré une réduction significative des symptômes lorsqu’elle est accompagnée d’une psychothérapie.
Vivre avec une dépression chronique nécessite un accompagnement pluridisciplinaire : médecin traitant, psychiatres, psychologues, infirmiers spécialisés…
Les groupes de parole sont également un soutien précieux pour les patients, tout comme l’éducation thérapeutique qui les aide à mieux comprendre leur maladie, à repérer les signes précoces de rechute et à maintenir une hygiène de vie équilibrée (sommeil, alimentation, activité physique).
La déstigmatisation reste un enjeu majeur : la dépression n’est pas une faiblesse, mais une maladie psychique réelle qui peut être soignée. Les personnes souffrant de dépression peuvent guérir et retrouver un équilibre émotionnel, à condition d’être bien entourées, accompagnées et écoutées.
En soutenant la Fondation de l’Avenir, vous contribuez à faire progresser la recherche sur la dépression, pour améliorer le dépistage de toutes ses formes, leur prise en charge et l’efficacité des traitements.