Soutien à la recherche contre la maladie d’Alzheimer

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La Fondation de l’Avenir et Harmonie Mutuelle s’associent depuis 2010 au profit de la recherche sur Alzheimer.

STOP ALZHEIMER

L’objectif ?  Sensibiliser le grand public et répondre aux besoins des chercheurs.
Les résultats ? Des brevets et des publications sa capacité à accompagner les chercheurs tout au long de leurs travaux.
Plusieurs projets
ont déjà été soutenus autour de quatre axes de recherche sur lesquels travaillent de nombreuses équipes en France. Découvrez les en cliquant ici.

 

I. La maladie d’Alzheimer

  1. Quels sont les symptômes de la maladie ?
  2. Comment progresse la maladie ?
  3. Comment est-elle diagnostiquée ?
  4. Quels sont les traitement disponibles pour soigner la maladie ?
  5. Quelle est la place des aidants dans la prise en charge ?
  6. Où en est la recherche actuelle ?

II. Le soutien à la recherche contre Alzheimer

  1. Diagnostiquer plus tôt la maladie
  2. Mieux comprendre le fonctionnement de la mémoire
  3. Développer de nouvelles thérapies
  4. Approfondir la connaissance de la maladie d’Alzheimer

III. Nouvelle piste de soin : la neurostimulation profonde

  • Qu’est ce que la neurostimulation profonde ?
  • Comment est-elle réalisée ?
  • A quoi sert-elle ?
  • Quelle est l’implication de la Fondation de l’Avenir en faveur de cette nouvelle technique ?

 


I. La maladie d’Alzheimer

La maladie d’Alzheimer a été découverte en 1906 par le neurologue allemand Aloïs Alzheimer. Cette maladie touche le système nerveux central et se caractérise par une dégradation progressive des facultés cognitives et de la mémoire. La maladie n’est pas contagieuse et dans ses formes les plus courantes, non héréditaires.

Elle est la conséquence d’une destruction graduelle des neurones qui débute dans les couches profondes du cerveau (l’hippocampe) pour s’étendre en quelques années vers des couches plus externes appelées cortex.

L’expression de la maladie est la conséquence de la destruction de ces aires cérébrales. Par exemple les pertes de la mémoire sont rattachées à une altération de l’hippocampe, tandis que les difficultés à réaliser des gestes et des actes de la vie (apraxie) ou les difficultés à reconnaître des personnes (agnosie) sont liées à la destruction des aires corticales.

Découverte en 1906 par le neurologue allemand Aloïs Alzheimer, la maladie d’Alzheimer touche en France quelque 860 000 personnes âgées de plus de 65 ans.

 

Avec 3 millions de Français directement ou indirectement concernés et 225 000 nouveaux cas recensés tous les ans, la maladie d’Alzheimer est devenue un véritable enjeu de santé publique. Toutefois, l’information comme la prise en charge de cette pathologie neurodégénérative restent encore largement insuffisantes.

 

1. Quels sont les symptômes de la maladie ?

Les symptômes les plus évocateurs sont ceux liés à la perte de mémoire.
Ils peuvent passer inaperçus surtout en début de maladie lorsqu’ils sont isolés et peu fréquents.

 

Avec l’évolution de la maladie, ils se multiplient et s’intensifient faisant perdre à la personne son autonomie et ses capacités de jugement.

Une dizaine de symptômes sont habituellement retenus pour caractériser la maladie d’Alzheimer et son avancée. Ils recouvrent une partie des difficultés auxquelles est soumise la personne malade dans sa vie quotidienne :

  • des difficultés à accomplir les tâches quotidiennes ;
  • des problèmes de langage ;
  • une désorientation dans le temps et l’espace ;
  • des difficultés dans les raisonnements abstraits ;
  • des pertes d’objets ;
  • une modification des comportements et de la personnalité ;
  • une perte de motivation.

Ces symptômes habituellement rattachés à la maladie d’Alzheimer peuvent s’exprimer différemment selon les personnes. Certains peuvent apparaître fortement dès le début de la maladie et d’autres rester très discrets même au bout de plusieurs années.

 

2. Comment progresse la maladie ?

La progression de la maladie est habituellement décrite en 4 stades :

  • Un stade précoce durant lequel aucun signe clinique n’est visible. Il peut débuter 20 ans avant le diagnostic;
  • Un stade léger caractérisé par des  pertes de la mémoire à court terme, celle capable de retenir l’information récente. Ces signes ne suffisent pas au diagnostic s’ils ne sont pas accompagnés d’autres détériorations des fonctions cognitives comme le langage ou la reconnaissance des objets;
  • Un stade modéré caractérisé par une accentuation des troubles de la mémoire. Les souvenirs anciens deviennent moins précis, les personnes atteintes ont de plus en plus de mal à s’exprimer verbalement. Le jugement commence à être altéré. Les personnes deviennent dépendantes et ne savent plus gérer leurs activités quotidiennes. Elles perdent la notion de l’espace et du temps;
  • Un stade sévère ou avancé durant lequel les malades perdent leur autonomie. Ils n’ont plus de mémoire et perdent le sens de l’orientation. Des problèmes psychiatriques peuvent apparaître, comme des hallucinations et des délires paranoïdes, ou des dépressions.

Le décès survient en moyenne 10 ans après les premiers symptômes.

 

3. Comment la maladie est-elle diagnostiquée ?

Le diagnostic de la maladie d’Alzheimer est un processus long et délicat qui doit être mené de façon coordonnée et pluridisciplinaire. Il demande parfois jusqu’à deux ans d’investigation  pour éliminer les syndromes apparentés (exemple : la démence à corps de Lewy).

 

Les premiers signes d’alerte de la maladie sont ceux liés à la mémoire. Ils doivent être interprétés par le médecin généraliste puis relayés par une équipe spécialisée (neurologue, gériatre, psychiatre), pour pouvoir être imputés à la maladie d’Alzheimer. C’est le médecin spécialiste qui établit le diagnostic à l’aide de tests standardisés et d’examens paracliniques.

 

L’examen IRM joue un rôle croissant dans le diagnostic des différentes démences, dont la maladie d’Alzheimer. Il permet de visualiser des lésions dans le cerveau aux premiers stades de la maladie.

L’IRM permet aussi de s’assurer qu’il n’y a pas d’autres éléments en cause et qui pourraient expliquer les symptômes comme une tumeur ou une hémorragie.

 

L’annonce du diagnostic doit être faite au patient de manière explicite par le médecin spécialiste qui a établi ce diagnostic.

 

4. Quels sont les traitements possibles pour soigner la maladie ?

La prise en charge de la maladie est avant tout sociale. Il existe bien quelques médicaments sur le marché pour soigner spécifiquement la maladie mais leur efficacité n’est pas complètement prouvée.

 

Le traitement de la maladie d’Alzheimer se base essentiellement sur l’organisation de réseaux de soins pluridisciplinaires mis en place pour freiner l’évolution des troubles et placer les personnes dans un environnement protégé.

 

Par exemple, des orthophonistes peuvent intervenir sur les troubles du langage, le kinésithérapeute ou un psychomotricien, sur les déficits des troubles de la marche et de l’équilibre.

Des démarches psycho sociales font aussi partie du traitement comme l’organisation d’activités de stimulations cérébrales.

 

5. Quelle est la place des aidants dans la prise en charge ?

Les personnes qui prennent partie au soin des malades ont une position prépondérante. Etre aidant familial, c’est être membre de l’entourage du malade qui consacre le plus de temps aux soins et à l’accompagnement de la personne malade. Cette situation a un impact sur la vie quotidienne de l’aidant. La prise en charge de la maladie d’Alzheimer prend en compte aussi celle des aidants en leur proposant un accompagnement, des moments des répits, des groupes de parole et parfois un accompagnement de l’état de santé physique et mentale.

 

6. Où en est la recherche actuelle sur Alzheimer ?

La recherche actuelle sur la maladie d’Alzheimer porte sur plusieurs axes :

    • Améliorer le diagnostic précoce : l’utilisation de l’imagerie métabolique cérébrale (TEP) se développe pour localiser spécifiquement et précisément  les zones lésées du cerveau. De nouveaux  marqueurs radioactifs plus  spécifiques sont mis au point ;
    • Approfondir la connaissance de la physiologie de la maladie d’Alzheimer : Les recherches actuelles portent essentiellement sur l’analyse du peptide bêta amyloïde et la protéine tau qui sont à l’origine de la dégénérescence neuronale ;
    • Mieux comprendre le fonctionnement de la mémoire : pour mieux apprendre aux patients à compenser leurs déficiences et utiliser ce que l’on appelle leur « réserve cognitive » ;
  • Préparer les médicaments de demain pour freiner ou arrêter la progression de la maladie. Des traitements d’immunothérapie sont en cours d’évaluation ainsi que la mise au point de traitements pour empêcher l’agrégation des peptides beta-amyloïdes en plaques.

 


II. Soutien de la Fondation de l’Avenir à la recherche contre Alzheimer

La Fondation de l’Avenir, avec l’appui d’Harmonie Mutuelle, soutient depuis 2010 la recherche sur la maladie d’Alzheimer.

 

Issu d’une volonté de répondre aux besoins des chercheurs en termes de conseil scientifique et de soutien financier, ce partenariat a déjà démontré par des brevets et des publications sa capacité à accompagner les chercheurs tout au long de leurs travaux.

 

Cinq projets ont déjà été soutenus autour de quatre axes de recherche sur lesquels travaillent de nombreuses équipes en France.

 

1. Diagnostiquer plus tôt la maladie

> De nouveaux traceurs au service de l’imagerie TEP

En 2010 : docteur Chalon : « La maladie d’Alzheimer est une pathologie dégénérative qui est généralement diagnostiquée après une phase « silencieuse », durant laquelle la maladie est actuellement indétectable, qui dure plus de 10 ans. Le diagnostic de la maladie repose aujourd’hui sur des critères cliniques et des tests neuropsychologiques. La plupart des malades ne sont pas détectés dès le début de la maladie, ce qui retarde leur prise en charge et leur traitement. »

 

L’équipe du docteur Chalon tente de mettre au point une méthode de diagnostic non invasive, grâce à l’imagerie TEP (Tomographie par Émission de Positons), qui permettrait de mettre en évidence les lésions cérébrales et donc de détecter la maladie avant les symptômes. L’objectif de ses travaux est de développer des traceurs, utilisables en imagerie, qui cibleraient spécifiquement des récepteurs modifiés dans la dégénérescence des neurones. Il serait alors possible de repérer et de suivre l’évolution des lésions cérébrales.
L’équipe a déjà réalisé une avancée importante en développant des « marqueurs » ciblant spécifiquement ces récepteurs, pour lesquels un brevet a été déposé et des premiers résultats prometteurs ont été obtenus dans un modèle expérimental. Elle poursuit ses recherches afin d’optimiser un traceur qui pourra être ensuite proposé aux patients. Cette imagerie objective des lésions neuronales et de leur aggravation permettrait un diagnostic et une prise en charge précoces des malades, ainsi que l’évaluation de nouveaux traitements.

 

> Des images pour établir un lien entre la neuro inflammation et les performances cognitives

En 2013 : Le docteur Hommet, professeur de Gériatrie à Tours, propose d’étudier les phénomènes inflammatoires qui se produisent dans la maladie d’Alzheimer pour établir une relation entre l’importance de ces phénomènes et la charge des dépôts amyloïdes.

 

Dans un entretien accordé en 2013, elle nous présente son projet :

 

Sur quoi porte votre projet ?

Les lésions mises en cause (plaques séniles et dégénérescence neurofibrillaire) se développent bien en amont des premiers symptômes. Des processus de neuroinflammation sont aussi impliqués dans la maladie d’Alzheimer, caractérisés par l’activation de certaines cellules cérébrales (les cellules microgliales), consistant en une première ligne de défense contre une agression. Nous nous intéressons à cette composante neuroinflammatoire. L’activation des cellules microgliales s’accompagne d’une augmentation de l’expression d’une protéine : la TSPO, qui est la cible privilégiée pour l’imagerie cérébrale de la neuroinflammation. Un nouveau traceur des TSPO a été développé en imagerie TEP (Tomographie par Émission de Positons). Ce radiotraceur est validé dans des études menées avec des modèles expérimentaux et les premières études cliniques réalisées à Tours démontrent son intérêt en clinique.

 

Quel est l’objectif de vos recherches ?

Les liens entre neuroinflammation et lésions amyloïdes sont complexes et incomplètement élucidés. De même, le rôle de la neuroinflammation sur l’évolution de la maladie reste indéterminé. L’objectif principal de cette étude pilote est de quantifier la neuroinflammation, mesurée par la fixation et la distribution du radiotraceur en imagerie TEP, et d’évaluer ses liens avec la charge amyloïde dans le déclin cognitif. Pour cela, nous envisageons d’étudier trois populations de sujets âgés dans le cadre d’une étude clinique : des sujets avec une plainte mnésique mais sans déficit cognitif, à risque de développer une maladie d’Alzheimer, des patients avec un déclin cognitif léger de forme amnésique et des patients ayant développé la maladie d’Alzheimer, au stade léger.

Nous étudierons également le lien entre la neuroinflammation et les performances cognitives et affectives et nous évaluerons le lien entre la neuroinflammation et le niveau de charge vasculaire dans chacun des groupes de l’étude.

 

Quels bénéfices peut-on espérer pour les malades ?

Cette nouvelle technique d’imagerie devrait nous permettre de mieux comprendre les processus cellulaires qui interviennent au niveau cérébral dans les stades très précoces de la maladie d’Alzheimer. Ainsi, une meilleure connaissance de ces phénomènes complexes pourrait permettre d’améliorer le diagnostic précoce et de proposer une prise en charge adaptée.

De plus, une meilleure compréhension des processus pathologiques impliqués dans cette maladie nous permettra de pouvoir proposer, lorsqu’elles seront disponibles, des thérapeutiques spécifiques.

 

Exemple d’image obtenue par scintigraphie chez un sujet avec déclin cognitif léger :

Alzheimer - Exemple d’image obtenue par scintigraphie chez un sujet avec déclin cognitif léger - laboratoire c. hommet

  • A : visualisation des zones inflammatoires
  • B : visualisation des zones de neurodégénérescence

 

2. Mieux comprendre le fonctionnement de la mémoire

> Une approche diagnostique par l’évaluation de la mémoire de reconnaissance

En 2014 : Le docteur Barbeau, chercheur au CNRS de Toulouse, a reçu la bourse pour ses recherches sur le dépistage précoce de la maladie d’Alzheimer.

 

Les nouveaux critères diagnostiques réservés à la recherche pour la maladie d’Alzheimer ont pour objectif de permettre un diagnostic plus précoce, lorsque la personne est gênée par des difficultés de mémoire immédiate mais sans que cela n’atteigne son autonomie dans la vie de tous les jours. Mettre en œuvre des aides mnésiques à ce stade peut retarder la perte d’autonomie, et ainsi diminuer significativement le nombre de malades dans un avenir proche. Pour ce faire, des facteurs susceptibles de faciliter la mémoire doivent être découverts, ainsi que des méthodes fiables pour distinguer les effets du vieillissement de ceux d’une pathologie dégénérative débutante.
Cette étude permettra de déterminer si le fait d’avoir acquis des connaissances sur une information avant de devoir la mémoriser peut ou non être un facteur de facilitation. En utilisant l’IRM fonctionnelle, l’équipe cherche aussi à mettre en évidence que l’effet de cette facilitation sur le fonctionnement cérébral permet de repérer les personnes risquant de développer la maladie.

 

3. Développer de nouvelles thérapies

> Les défenses naturelles du système nerveux central

En 2011 : L’influence du système immunitaire sur le maintien de l’intégrité du cerveau est une voie de recherche qui intéresse de nombreux chercheurs parce qu’elle pourrait déboucher sur le développement de nouveaux traitements contre les maladies neuro dégénératives.

 

Longtemps le cerveau a été considéré comme une structure autonome protégée par sa barrière hématoencéphalique et disposant de ses propres mécanismes de défense. Des éléments de transfert, entre le système nerveux central et le système vasculaire périphérique ont été mis en évidence mais les processus qui guident ces échanges sont encore largement méconnus.

 

Des études sur des extraits de cerveaux ont montré qu’il existait une activité de phagocytose des plaques amyloïdes et que des échanges se produisaient entre le système immunitaire du cerveau (représenté par les astrocytes) et le système immunitaire périphérique du sang (Lymphocytes).

Le professeur Guylène Page souhaite comprendre maintenant comme se réalisent ces échanges et quels sont les éléments qui pourraient stimuler ces mécanismes de défense. Pour réaliser sa recherche, elle se base sur l’existence de traceurs naturels que l’on nomme facteurs chimiotactiques. Ce sont des molécules présentes sur le lieu à protéger qui guident le travail des cellules du système immunitaire.

Ces traceurs sont classés par profil et il existe déjà des travaux qui ont défini certains profils chimiotactiques de la maladie d’Alzheimer. Pour comprendre comment se déroulent les échanges, le professeur Guylène veut mettre au point un modèle in vitro de barrière hématoencéphalique et déterminer avec précision quel est le profil moléculaire chimiotactique.

 

Images d’éléments constitutifs de la barrière hématoencéphalique : 

 

Alzheimer - Images d’astrocytes en épifluorescence

Astrocytes en épifluorescence

Alzheimer - Images de reticulocytes en épifluorescence

Reticulocytes en épifluorescence

 

4. Approfondir la connaissance de la maladie d’Alzheimer

> Recherches les sources du comportement agressif dans la maladie d’Alzheimer

En 2012 : Le docteur Mouton, chercheur à l’Inserm de Créteil, abordait le problème de l’agressivité chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.

 

Si en moyenne un comportement agressif ne se retrouve que chez 30 à 40% des patients, sa prise en charge demeure difficile pour un particulier.

 

En 2009, la Haute Autorité de Santé (HAS) a établi des recommandations privilégiant des méthodes non pharmacologiques pour calmer le patient, comme la création d’un environnement rassurant. Ces structures existent mais exigent le plus souvent de placer le malade en institution.

Le docteur Mouton est partie du constat que les connaissances actuelles sur l’agressivité étaient basées principalement sur des études chez l’animal ou chez le sujet sain, et que peu d’études avaient été menées dans la maladie d’Alzheimer.

 

Pour mener son étude et tenter de trouver une origine aux comportements agressifs des personnes atteintes d’Alzheimer, l’équipe de Créteil a fait passer à des patients atteints de la maladie d’Alzheimer des examens d’IRM et de TEP. Les uns présentaient des symptômes d’agressivité, les autres non. Elle a ensuite comparé ces images pour pouvoir mettre en regard des zones altérées du cerveau avec un comportement agressif.

 

Ces examens anatomiques ont été associés à des tests cliniques pour montrer que l’agressivité était à la fois liée à une déstructuration de certaines aires cérébrales mais aussi à une altération des fonctions exécutives, de la cognition sociale et du langage.

 


III. Nouvelle piste de soins : la neuro stimulation profonde

Ces deux dernières années, le Prix Harmonie Mutuelle Alzheimer a permis de soutenir des projets faisant appel à la neurostimulation profonde pour le traitement de la maladie d’Alzheimer.

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1. Qu’est ce que la neurostimulation profonde ?

La neurostimulation profonde consiste à stimuler des zones cérébrales (parties du cerveau) avec un courant électrique faible d’une fréquence choisie, afin de les inactiver ou de les activer.

 

Historique :
L’idée d’utiliser l’électricité pour soigner des troubles neuronaux existe bien avant la découverte des neurones. Un bas-relief du Mastaba de Ti à Saqqarah en montre un exemple dès l’antiquité égyptienne (-2400 ans). Cependant, c’est en 1960 qu’est installée la première électrode dans une partie du cerveau. Créée dans le but premier de diminuer des douleurs intenses, le traitement est réalisé de façon empirique. Il faut attendre 1987 pour que la technique prenne son essor. C’est au CHU de Grenoble que le professeur Alim-Louis Benabid en découvre l’intérêt et met en œuvre cette technique pour traiter les tremblements graves associés à la maladie de Parkinson.

 

Avant 1987, les chirurgiens endommageaient la zone du cerveau incriminée après l’avoir testée par une stimulation électrique en basses fréquences, ce qui créait un dommage irréversible. Le Pr Benabid, en collaboration avec le professeur Pierre Pollak, a eu l’intuition de tester ces zones avec différentes fréquences. Ceci mit en évidence le lien entre une stimulation électrique de fréquence comprise 80 à 100 Hz et la disparition des tremblements.

 

Devant la reproductibilité et la hauteur des résultats du Pr Benabid (75% de réduction de tremblement en moyenne), une étude clinique fut menée et a abouti à une autorisation d’utilisation de la technique par les Autorités sanitaires.

 

2. Comment est-elle réalisée ?

Les dispositifs actuels pour réaliser une neurostimulation profonde se découpent en trois parties :

  • L’électrode, constituée de 4 fils isolés terminés par 4 contacts appliqués à la zone concernée dans le cerveau ;
  • Le neuro-stimulateur, un boitier de contrôle contenant la batterie et permettant de moduler la stimulation électrique. Pour des raisons de confort il est généralement installé sous la peau : dans l’abdomen, la poitrine ou au-dessous de la clavicule ;
  • L’extension, une gaine placée sous la peau reliant l’électrode au neuro-stimulateur.

Le réglage de la stimulation se fait par un programmateur en dehors de l’individu qui communique avec le neuro-stimulateur par radiofréquence. Selon l’individu et la pathologie à traiter, la stimulation est étalonnée.

 

3. A quoi sert cette technique ?

La neurostimulation profonde semble pouvoir se substituer à toutes les formes de traitement où était pratiquée une lésion neuronale.

 

Son domaine d’application reste encore flou car les mécanismes employés et les cibles ne sont pas encore complétements connus.

 

Cependant, il est relativement bien accepté que la stimulation neuronale profonde traite de façon convaincante certains troubles neuronaux comme :

  • les tremblements graves, dont la maladie de Parkinson, la dystonie et les tremblements essentiels. Son efficacité pour résoudre les problèmes d’épilepsie reste cependant encore incertaine ;
  • les troubles psychiatriques, tels que les troubles obsessionnels compulsifs ou la dépression majeure ;

La neurostimulation profonde est aussi utile en recherche clinique. Cette technique étant réversible, elle permet de tester les zones du cerveau désignées comme responsables de certaines maladies ou syndromes.

 

C’est le cas pour le syndrome de Tourette et l’anorexie nerveuse, avec des expériences réalisées sur des effectifs encore trop restreint pour généraliser les résultats obtenus. Les personnes atteintes de la maladie d’Huntington ou d’addictions pourraient également en bénéficier, même si les cibles des zones à traiter restent trop imprécises pour le moment.

 

4. Quelle est l’implication de la Fondation en faveur de la neurostimulation profonde ?

Dans le cadre de la recherche contre Alzheimer, la Fondation de l’Avenir a soutenu deux projets en 2017, 2016 et 2015 :

2017 : les travaux du professeur Andrieu

Alzheimer |stop-alzheimer.org

©grainedudesert

Le Prix Harmonie Mutuelle Alzheimer 2017 récompense le professeur Andrieu pour ses recherches sur l’amélioration de la méthodologie des essais de prévention du déclin des fonctions cognitives liées à une maladie d’Alzheimer

Mme Andrieu est professeur des Universités-Praticien Hospitalier. Elle est également membre de l’UMR1027 Inserm-Université de Toulouse III, au CHU de Toulouse.

2016 : les travaux du docteur Calvet

En 2016, le docteur Benjamin Calvet travaille à la mise au point d’une thérapie par stimulation transcrânienne profonde à courant direct (tDCS). Elle propose de stimuler les neurones du patient via des électrodes situés à l’extérieur de la boite crânienne, sans effets secondaires douloureux. La tDCS ne nécessite pas d’intervention chirurgicale et agit directement sur les zones du cerveau concernées par la maladie.

docteur benjamin calvet - limoges

Psychiatre au Centre Hospitalier Esquirol de Limoges, le docteur Calvet cherche à déterminer si ce traitement, réalisé pendant un mois, peut freiner la perte d’autonomie des personnes malades, en diminuant notamment le risque de chute.

 

Si cette expérience aboutit, de nouvelles perspectives d’espoir s’ouvriront pour traiter de façon précoce la maladie avant qu’elle ne devienne irréversible.

2015 : les travaux du professeur Fontaine

En 2015, le professeur Denys Fontaine développe des recherches sur la stimulation cérébrale profonde appliquée à la maladie d’Azlheimer.

 

L’objectif est d’améliorer les performances mnésiques ou ralentir le déclin cognitif des patients atteints de démence, la technique de la neurostimulation profonde ayant déjà fait ses preuves dans le cadre du traitement de la maladie de Parkinson(*). La SCP des réseaux impliqués dans la mémoire a déjà été proposée chez des patients atteints de maladie d’Alzheimer dans trois études pilotes avec une excellente tolérance.

 

Le soutien apporté concerne l’étude de la SCP dans un modèle animal de maladie d’Alzheimer. Le but est de mieux comprendre les mécanismes d’action de cette nouvelle approche, afin d’optimiser son utilisation chez l’homme en tant que traitement symptomatique des troubles de la mémoire et préciser sa place dans l’arsenal thérapeutique contre la maladie d’Alzheimer.

 

Découvrez en vidéo le témoignage du Pr Fontaine :

Applications à d’autres pathologies neuro dégénératives :

En plus des projets soutenus pour le professeur Alim-Louis Benabid, principal instigateur de la mise en place de cette technique, la Fondation de l’Avenir a soutenu, depuis 2004, sept projets sur la technique de neurostimulation profonde :

  • le projet du professeur Franck Durif concernant la maladie de Parkinson ;
  • les projets du docteur Antoine Depaulis et du docteur Stephan Chabardes relatifs au traitement de l’épilepsie ;
  • le projet du docteur Christelle Baunez sur le traitement de l’addiction ;
  • le projet d’optimisation de l’implantation d’électrodes en vue d’une neurostimulation profonde par le professeur Jean-Jacques Lemaire ;
  • les projets du professeur Jean-Jacques Lemaire et du docteur Remy Desgeorges portant sur les troubles comportementaux.

Il est donc naturel, aux vues des récentes publications scientifiques, que l’axe de recherche Alzheimer, une des maladies les plus importantes au regard du vieillissement de la population, soit étudié au travers du prisme de la neurostimulation profonde.