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En ce 8 mars, Journée internationale pour les droits des femmes, la Fondation de l’Avenir....

L'évolution des femmes dans la pratique et la recherche médicales

Publié le 08/03/2022 Temps de lecture : 7 min

En ce 8 mars, Journée internationale pour les droits des femmes, la Fondation de l’Avenir souhaite mettre en lumière une évolution qu’elle a constatée et promue : le rôle des femmes dans la pratique et la recherche médicales.

En accompagnant la qualité chirurgicale au service des patients, la Fondation a pu soutenir dès les années 90 l’essor des femmes en chirurgie, et en tant que directrice de projet de recherche.  Ainsi, dans l’APRM – appel à projet en recherche médicale – de 1996, quatre lauréats sur 36 sont des femmes. Sur la dernière sélection en date de l’appel à projets annuel de la Fondation, au titre de 2021, les femmes représentent 45% des lauréats, reflet de leur présence dans la recherche médicale clinique.

Ces parcours des premières chercheuses soutenues, illustrent les valeurs cardinales et l’évolution de la Fondation.

La première lauréate en 1996, le docteur Marie-Jeanne BOUDET, était chirurgienne à l’IMM – l’Institut Mutualiste Montsouris, à Paris – fruit du regroupement du Centre Médico-Chirurgical de la porte de Choisy (CMC) et de l’Hôpital International de l’Université de Paris (HIUP). Le projet médical et la capacité à innover dans les nouvelles techniques médicales constituent la clef de voûte de l’IMM. Docteur BOUDET est spécialisée en chirurgie viscérale et digestive, une spécialité encore à ce jour parmi les moins féminisées.

La deuxième lauréate était Sabine SARNACKI, alors jeune chef de clinique. Elle est actuellement chef de service de chirurgie pédiatrique viscérale et urologique à l’hôpital Necker à Paris. La Fondation de l’Avenir se nourrit de ces expertises novatrices. Lauréate à trois reprises de l’APRM, nommée en 2010 présidente du conseil scientifique, professeur SARNACKI est intervenue lors du dernier Congrès de la Fondation.

La troisième lauréate, docteur Sylviane OLSCHWANG, portait ses recherches sur l’oncogénétique ou étude des cancers familiaux, spécialité naissante en 1996. Ce sont les prémices de l’ouverture de la Fondation sur la santé des femmes, avec notamment, un soutien régulier aux projets de recherche dans le domaine des cancers féminins. Soutien renforcé en 2014, avec le lancement du Fonds Avenir Masfip spécialisé en oncogénétique et cancers féminins, ayant financé à ce jour 12 projets dans cette thématique.

La quatrième et dernière lauréate montrait en quoi, dès 1996, la Fondation aide les jeunes chercheuses porteuses d’idées innovantes ce, dès la fin de leurs études et quel que soit leur domaine de recherche : la médecine, les soins paramédicaux ou encore les  sciences. C’était la discipline d’Agnès AZIMZADEH dont le projet de post-doctorat en biologie à Strasbourg portait sur la greffe de tissus provenant d’une espèce sur une autre espèce animale. Cette nouvelle méthode, nommée xenogreffe, permettra à Mme AZIMZADEH de gagner le Grand Prix de Médecine de l’Académie des Sciences de Toulouse l’année suivante en 1997. Elle deviendra, renommée mondialement, la présidente de l’Association internationale de xénotransplantation.

A l’image de ce projet, le conseil scientifique s’est progressivement ouvert, non seulement  à d’autres disciplines que la chirurgie mais aussi à la féminisation des instances. La Fondation intègre et traduit les évolutions de la recherche dans ses orientations. Le docteur Catherine LE VISAGE, pharmacienne, avait été élue présidente à partir de 2016. Le professeur Christelle NGUYEN, spécialisée en médecine physique et de réadaptation à l’Hôpital Cochin – APHP, a été élue assesseur du conseil scientifique le 19 janvier dernier.

Et, cherchant continûment à promouvoir les jeunes chercheurs, la Fondation a vu pour la première fois, en 2021, trois femmes remporter les spécialités ouvertes du 14ème Prix des chirurgiens de l’Avenir : Pauline MARIJON en neurosciences, Aurélie BUFFETEAU en cancérologie et Elise LUPON en parcours 3R (Régénération, Réparation, Remplacement).

En 2022, à 35 ans, la Fondation de l’Avenir poursuit son action aux côtés des femmes et des hommes qui portent en France l’excellence de la recherche clinique, en faveur du progrès médical pour chacune et chacun.

 


Un peu d’Histoire…

Depuis l’Antiquité, les femmes européennes pratiquent la médecine, d’Agnodice, médecin athénien du IVème siècle av JC, à l’allemande Hiledgarde DE BINGEN. L’école de médecine de Salerne en Italie, la plus importante d’Europe au Moyen-Age est mixte.

En France, au XIIIème siècle, Magistra HERSEND est nommée chirurgienne royale en charge de prendre soin du roi Louis IX et de sa famille. Au XIVème siècle, Sarah DE SAINT GILLES pratique et enseigne à Marseille. Mais Jacqueline-Félicie DE ALMANIA, réputée meilleur chirurgien de Paris, est condamnée en 1322 pour exercice illégal. La Faculté de médecine de Paris vient de changer ses statuts pour réserver la pratique de la médecine aux hommes.

Après cette décision d’interdiction de la pratique en France, les femmes restèrent exclues de son enseignement et de sa pratique jusqu’au XIXème siècle. Ce n’est qu’en 1875 que Madeleine BRÈS pu, grâce à l’intervention de l’impératrice Eugénie, obtenir un diplôme de docteur en médecine mais elle ne pourra qu’enseigner. En 1919, Yvonne POUZIN devient la première femme praticien hospitalier en France. Elle peut ainsi effectuer des recherches dans de meilleures conditions scientifiques, faire école et avoir des élèves.

Un siècle plus tard, la proportion de femmes en médecine n’a fait que croitre, avec à l’heure actuelle 53% de femmes médecins dans les hôpitaux français. Cette proportion varie avec les spécialités, elles sont particulièrement représentées en médecine du travail (71%), dermatologie (67%) ou pédiatrie (64%). La féminisation se poursuit en chirurgie mais reste faible (14%). En 2020, le professeur Anne LEJAY, 39 ans, nommée PU-PH en chirurgie vasculaire aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg est la première femme en France à accéder à ce poste dans sa discipline.

Sources :
> Le devenir des femmes en chirurgie‪, La diversité des mondes de socialisation – Régine Bercot, Dans Travail et emploi 2015/1 (n° 141), pages 37 à 52 ;
> Godefroy P., Romain O. (collab.), Buisine S. (collab.), Laurent P. (collab.) (2013), « Les affectations des étudiants en médecine à l’issue des épreuves classantes nationales en 2012 », Études et résultats, no 852, Drees, CNG ;
> Lapeyre N., Le Feuvre N. (2005), « Féminisation du corps médical et dynamiques professionnelles dans le champ de la santé », Revue française des affaires sociales, no 1, pp. 59-81 ;
> Différents bulletins de l’Académie nationale de médecine.